SENEGAL

ALLOCUTION DE

S.E. M. CHEIKH TIDIANE GADIO,
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
DE L'UNION AFRICAINE ET
DES SENEGALAIS DE L'EXTERIEUR,

A LA CONFERENCE
DE FACILITATION DE L'ENTREE EN VIGUEUR
DU TRAITE D'INTERDICTION COMPLETE
DES ESSAIS NUCLEAIRES

New York, le 12 novembre 2001

sous réserve de modifications

 
 

Monsieur le Président,

L'ouverture à la signature, le 10 septembre 1996, du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a indubitablement, constitué un jalon important vers un système efficient de sécurité collective.

Comme tel, il avait été favorablement accueilli par la Communauté internationale qui y voyait un moyen sûr de réduire la prolifération nucléaire.

Force est, cependant, de constater que les espoirs placés en cet instrument juridique majeur ont été contrariés par le retard apporté à son entrée en vigueur.

Pour une grande part, cette situation découle de l'absence de volonté politique imputable à une inertie quant aux mesures de confiance qui doivent être prises par tous les protagonistes du Traité.

En particulier, il convient d'insister sur les Pays listés dans son annexe II et dont l'adhésion est nécessaire pour que le mécanisme de surveillance internationale prévu à cet effet puisse être opérationnel.
 

Monsieur le Président,

Vous aurez remarqué que parmi les Pays cités sur cette annexe pertinente, figurent des Etats dotés d'armes nucléaires qui n'ont pas encore marqué la volonté d'être liés par les dispositions du traité interdisant les essais nucléaires.

Du point de vue de mon Pays, cette situation est préoccupante parce qu'elle ne peut être interprêtée qu'en une attitude ambivalente sur une question aussi délicate et qui commande plutôt la bonne foi et la confiance mutuelle.

La bonne foi, vous le savez, Monsieur le Président, est la vertu cardinale du Droit conventionnel. Elle est le socle sur lequel repose un système de relations internationales durable et fiable.

Certes, nous devons nous féliciter de ce que des Accords bilatéraux et des mesures unilatérales ont été à la base d'une forte réduction des vecteurs et explosifs nucléaires au cours des dix dernières années. Le Sénégal est cependant convaincu que les Pays dotés d'armes nucléaires et ceux qui en ont la capacité doivent prêcher par l'exemple en favorisant les instruments juridiques multilatéraux conçus pour assurer le désarmement nucléaire.

En s'y conformant, ces Etats donnent des gages sérieux et, par la même occasion, apaisent les Pays qui auraient pu être tentés par l'absurdité de l'option nucléaire.

Mais, si les Etats dotés d'armes nucléaires et ceux qui ont la capacité de s'en procurer ont une responsabilité particulière dans l'entrée en vigueur du Traité interdisant les essais nucléaires, il convient également de rappeler que tous les autres Pays ont une égale obligation de le promouvoir.

Le Sénégal appartient à des cercles de solidarité régionale et transrégionale qui réprouvent l'option militaire nucléaire. Le Mouvement des Non-Alignés qui en est le plus large, a engagé, lors de son douzième Sommet, tenu du 29 août au 3 septembre 1998 à Durban, la Conférence du Désarmement à faire prendre les mesures idoines en vue de l'adoption d'un programme de désarmement nucléaire.

L'OUA, sous l'égide de laquelle a été adopté le Traité de Pelindaba faisant de l'Afrique une zone exempte d'armes nucléaires, vient de mettre en place une Commission africaine de l'Energie atomique.

Il faut souhaiter qu'en sus de l'A.I.E.A., cette nouvelle structure puisse entretenir des liens organiques avec l'O.T.I.C.E et former ainsi, un réseau d'institutions multilatérales de promotion du nucléaire civil et partant, du Développement.

Cette commune perception que le Sénégal partage avec la majorité des Pays du Sud ne fait que conforter notre engagement AB INITIO contre la prolifération nucléaire.

Partie au Traité de non-prolifération, mon Pays a signé et ratifié le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Dans la mesure du possible, il collabore de bonne foi avec le Secrétaire Technique Provisoire de l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

Nous avons pris la mesure de l'importance du Système international de surveillance du Traité et sommes en train de négocier l'établissement, au Sénégal, d'une station?relais de ce maillage à l'échelle mondiale.

Approfondissant cette coopération de qualité avec le Secrétariat Technique Provisoire de l'OTICE, nous avons convenu d'organiser du 13 au 15 novembre courant, à Dakar, un Séminaire de sensibilisation sur le Traité et auquel prendront part vingt sept Pays d'Afrique centrale et occidentale.

Les plus hautes Autorités du Sénégal ont d'ailleurs saisi cette occasion pour inviter M. Wolfgang HOFFMANN à effectuer une visite officielle à Dakar et lui rendront un hommage appuyé pour son action passée et présente, respectivement à la Conférence du Désarmement et à la tête du Secrétariat de l'Organisation.

C'est vous dire, Monsieur le Président, que le Sénégal attache du prix à l'entrée en vigueur du TICS et exhorte tous les Pays à signer, à ratifier et, le cas échéant, à y adhérer.

Un monde plus sûr dépend de cette formalité substantielle.
 

Je vous remercie.